Lundi 19 août : quand les enfants veulent un professeur !

Aujourd’hui, je retourne à l’école avec l’envie d’y trouver plusieurs éléments pour mon site : les fameuses histoires du pays qu’on m’a promis, une chanson du pays, un jeu typique, et l’attestation d’accueil de l’école. Alors, je me dirige d’abord vers une nouvelle classe un peu en fonction « du vent », et j’entre dans une salle. C’est le niveau avec mon copain Benjamin, avec qui on discute souvent au Playtime. Je suis content d’être bien tombé. Je demande au professeur si je peux observer. Pas de souci, les enfants font un grand « yes », et ils sont très contents de se lever, et me dire « bonjour ».

Mais très vite, je me rends compte qu’ils corrigent encore et toujours leur test. Cette fois ci, ils doivent recopier au propre le corrigé dans leur cahier. Puis ça sonne, le prof suivant passera mais ne restera pas. Les enfants sans enseignant, se tournent vers moi pour que je leur fasse un cours, de français ou de musique, mais ils savent que je l’ai déjà fait dans d’autres classes. Je ne veux rien faire sans l’autorisation d’un enseignant. Après qu’ils aient bien insisté. Je me dirige vers la salle des professeurs pour voir le prof en question. Je lui explique la situation et je veux savoir si c’est possible et si ça ne gêne pas dans le travail des enfants et du professeur. Lui qui doit corriger ses copies, il me dit qu’il n’y a pas de souci, et vient avec moi pour officialiser la chose. Les enfants nous voyant revenir sont déjà tous excités. Le prof leur dit la bonne nouvelle mais ils doivent ranger et se « tenir à carreaux ».

Je prends le relai et commence mon cours de français. Comme on a le temps, je leur dis que l’on fait d’abord un peu de français parce que certains me l’ont demandé, mais qu’après on fera aussi un peu de musique puisqu’ils attendent tous ça. Ça va pour tout le monde. Le professeur reste un peu au début pour voir comment je me débrouille. Je leur préviens juste que mon anglais est loin d’être parfait mais que je suis sûr qu’on va pouvoir se débrouiller.

Alors je pars déjà de ce qu’ils connaissent, et ils en connaissent déjà pas mal, si ce n’est la prononciation, qui me donnera de la peine à retrouver le mot d’origine. Puis, je leur apprends les formules courantes, certains mots qu’ils veulent en plus, en instant sur la prononciation, pour qu’ils essayent de bien retenir et en expliquant un peu notre belle fantaisie des sons « on, eu, oi, en, in, ou, u, i, é, ai, … » M’étonne pas qu’ils aient du mal à retenir, mais bon ! Sur la durée, ça devrai passer, ce que je n’ai pas donc je ne m’attarde pas trop non plus. Je vois aussi les nombres, et enfin je leur fais faire leur premier dialogue « bonjour, enchanté, comment t’appelles tu ?, quel âge as-tu ? Comment ça va ? Au revoir. » J’avoue je m’inspire un peu de ce que j’avais vu en Roumanie, pour la première leçon mais c’est efficace. Ainsi, ils sont plusieurs à passer devant, et ils sont plutôt volontaires. Et leur accent est toujours super pour une première fois. Et tel un professeur, je demande à ce qu’on les applaudisse à leur façon « tap, tap, tap ; tap, tap, tap ; tap ».

Puis on enchaîne avec ce qu’ils attendent tous : le cours de musique, mais pour une transition parfaite, je leur apprends le bougadou, ils ont besoin des nombres qu’on vient juste d’apprendre et de la phrase « mais qu’est-ce que c’est ! ». Ça y est, ils sont prêts. On fait une fois dans leur plus grande joie. Et là, je ne peux louper ça, on recommence une fois de plus mais filmé avec encore plus de joie. Je suis vraiment comblé et eux aussi : un véritable échange d’énergie. On a le temps pour apprendre un petit rythme corporel avant la récré. Ça aussi ça les éclate. Ça sonne. Je vais prendre un thé juste après que les enfants m’aient demandé sans cesse si je revenais après la récré.

Une fois libéré, sur le chemin, je rencontre le directeur, je ne perds pas l’occasion, je lui donne et explique directement le papier, il n’y a pas de souci il me fait ça. Dire que ça fait plus d’une semaine, que je me présente devant son bureau pour m’entendre dire à chaque fois qu’il était absent.

Dans la salle des professeurs, je rencontrerai Jeffrey, celui qui est responsable du Playtime, je voulais le voir justement pour savoir s’il pouvait m’aider. Normalement pas de souci, il m’en reparle.

Pendant la pause, les professeurs s’intéresseront un peu à mes cours, à mon départ, à mon français, et comme toujours c’est quand ils savent que je vais bientôt partir qu’ils se disent que je devrais rester pour faire plus de chose. Mais bon, je commence en avoir l’habitude. Puis, on plaisante, je commence à bien m’entendre avec eux. En sortant, je discute avec d’autres enseignants qui voudront mon contact, je leur donne ma carte. Ça aussi ça leur fait plaisir. Je discute puis je retourne en classe.

Les enfants veulent directement que je donne un autre cours. Mais ils se rendent pas compte ce que c’est que d’enseigner dans un autre pays. Je prends une pause et je m’installe au fond. Pour une fois, on inverse les rôles, je demande d’abord à deux-trois de m’apprendre une chanson de leur pays. Pas de souci, on écrit ensemble, puis, ils sont plusieurs à écrire pour moi et enfin, ils m’apprendront trois chansons. Alors, maintenant que j’ai le texte, il me faut la musique, je demande à toute la classe si elle est d’accord de chanter devant ma caméra. Pas de souci et elle s’en donne à cœur joie. Même si finalement, les chansons ne sont pas sues toutes jusqu’au bout. Ce n’est pas grave, les premières parties sont déjà pas mal. Une fois dans la boîte, ils me demandent d’apprendre le fameux « give me one ». Alors, on est reparti. S’en suit, après un petit « O malélé ! » Et ils ont encore trop la classe.

Pour la dernière demi-heure, je leur propose de leur donner à chacun un autographe. Ils ne font que de me demander depuis le début de la journée. Je leur demande de rester chacun à leur place, et je passe signer le papier qu’ils ont envie. Mais très vite ça déborde, ils changent tous de place, et ça devient rapidement le bazar. Certains me font rire car ils voudront que je signe leur livre de maths ou de sciences, je dirai quand même « non » quand un voudra sur la Bible. Finalement tout le monde a quand même eu son autographe, même certains deux-trois, je ne sais pas combien de fois j’ai signé. Mais ce qui m’ont tendu le cahier où ils avaient écrit le cours de français ou de musique que je leur ai fait, j’ai signé « your french teacher », ou « your music teacher » et mon nom. Aller c’est l’heure du repas, je les libère.

Je rencontre la sœur qui parle français, et je vais manger une assiette de riz-haricots rouges. Puis je retrouve mon ami enseignant pour les histoires. On discute pas mal, il me prête des CD, et un livre. Je ferai des photocopies et des photos. J’aime bien quand tout avance comme ça. Une petite sieste devant la salle des professeurs et plusieurs jeunes viendront me chercher pour que je vienne aussi dans leur classe. Dur de dire non, mais j’aimerai que ça vienne plutôt des professeurs. Finalement, j’irai pour la dernière demi-heure. Quelques mots en français suivi du bougadou, encore complètement ravis. On termine par une traditionnelle distribution d’autographes. Décidément, j’en connais un qui va revenir avec la grosse tête quand il sea de retour en France.

On part ensemble sur la cour de récré. Comme toujours un groupe se forme autour de moi, ils attendent toujours que je fasse des choses originales. Facile à dire, plus dur à faire, combat de pouce, chansons,  questions, puis j’apprends à quelques uns un rythme avec la tasse qu’ils ont fini de boire. Pas évident, mais avec du temps ils auraient pu enchaîner assez rapidement.

Puis, je me rappelle que j’ai une mission vidéo avec certains. Je les cherche ou du moins je trouve quelqu’un qui peut m’aider à les trouver. J’ai trop du mal avec les visages et les prénoms. On ne les retrouvera pas mais deux autres ont très envie de faire de la vidéo. On fera la visite de l’école avec ces deux là. On finit et c’est la fin de leur playtime. Parfait. Je rentre.

Au repas, je découvre le millet, une pâte bien consistante et gluante. On m’explique que c’est la base du repas au nord du pays et au Soudan qui remplace le Matooké, la purée de Banane. Je goûte, ça va, même si je suis content d’être tombé dans la partie : purée de Banane. Par contre, ce soir, je me délecterai encore de leurs fruits, leurs ananas et leurs pastèques qui sont trop bonnes ; une bonne cure pour l’automne qui arrive. A demain.

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